Caroline Bach / Patrick Weidmann
POLITIQUES DES IMAGES
Dites-nous comment survivre à notre condition /
Produit intérieur brut
Dites-nous comment survivre à notre condition /
Produit intérieur brut
Exposition du 8 mars au 25 mai 2019
Dites-nous comment
survivre à notre condition
survivre à notre condition
depuis 2009
Les fermetures d’usine et les licenciements en masse ont malheureusement fait l’actualité avec la crise. Les ouvriers ont combattu, tentant de défendre un emploi qu’ils savaient le plus souvent irremplaçable, cristallisant dans leur combat la rupture entre économie réelle et économie spéculative.
Rupture exacerbant l’insoluble déséquilibre des échelles : à l’échelle d’un patron d’entreprise, lequel doit toujours libérer plus de bénéfices, ces licenciements ne sont que des moyens de s’ajuster et de s’adapter à de nouvelles donnes ; à l’échelle individuelle, chaque licenciement signifie le plus souvent l’entrée dans un sombre tunnel dont on voit rarement le bout — plus d’un an après la fermeture de l’usine Continental de Clairoix, 367 salariés, sur les 1113 concernés par un plan de sauvegarde de l’emploi, ont été reclassés dont seulement 155 en CDI ; pour les autres, ils ont jusqu’à décembre prochain (fin de l’aide reçue dans le cadre d’un congé de mobilité) pour se reclasser !
Dans cette série, je suis retournée sur les sites où des conflits avaient eu lieu, parfois un an plus tard, enregistrant les traces laissées par les conflits, comme un dernier hommage à ces combats collectifs. C’est ainsi que je suis allée à Tarascon pour l’usine Linpac, à Malaucène pour les Papeteries, à Dijon pour l’usine ancestrale Amora, à Amiens pour l’usine Goodyear, à Clairoix pour l’usine Continental, à Crépy en Valois pour l’usine Sodimatex, à Eschirolles où Caterpillar a licencié 600 personnes, etc.
Parfois, au hasard de mes déplacements, j’ai pu photographier des marques de conflit, comme à Reyrieux (stock central Brossette) ou à Nolay (industries Legris). Le site dernier site photographié est celui de l’usine Galderma, à Sophia Antipolis, fermée en 2018.
Cette série dialogue avec le projet réalisé à Bataville entre 2008 et 2015 autour de l’usine de chaussures Bata, à Bataville, en Lorraine. Elle est aussi à l’origine du projet mené à Géménos, avec les Fralib et la coopérative SCOP-TI qu’ils ont créée, ce qui leur a permis de relancer la production de thés et tisanes.